Les cieux se sont ouverts à Awassa

Awassa, Éthiopie - Du 18 au 26 septembre 2012, l'Église Meserete Kristos (MKC) a accueilli la 16e réunion annuelle d’International Missions Association (Association Internationale Missionnaire - IMA) à Awassa (Éthiopie), sur les rives pittoresques du lac du même nom.

L'IMA se compose de 22 groupes anabaptistes qui se consacrent à la communion fraternelle, à la prière et au jeûne, au partage d'informations et de ressources. Ils travaillent en partenariat pour la mission dans le monde, en particulier là où les églises sont faibles ou absentes. Quatre-vingt pour cent des membres de l’IMA sont aussi membres de la CMM.

La MKC a choisi Awassa pour les réunions de 2012 parce que c’est un grand centre régional qui se développe au sud du pays. La MKC, la plus grande communion anabaptiste du monde, compte plus de 230 000 membres baptisés, 726 assemblées locales et 846 nouvelles implantations d’assemblées.

Le président d’IMA, Yesaya Abdi, de PIPKA, la branche missionnaire du Muria Synod of Indonesia (Synode de Muria en Indonésie -GKMI), a ouvert les réunions par une méditation sur Ez 47/1-5 : « Agissant par l'Esprit ».

« Lorsque nous exerçons le ministère de Jésus, il ne s’agit pas de faire quelque chose pour lui, mais de lui permettre de faire ce qu'il veut à travers nous », dit Yesaya Abdi, ‘être dans la rivière de Dieu jusqu’aux chevilles’. Quelques instants plus tard, il a distribué une brochure contenant des informations et des sujets de prières pour les 54 pays qui forment l’Afrique, disant ‘être dans la rivière jusqu'aux genoux’. Il a exhorté les 48 participants internationaux à prier pour l'Afrique tout au long des réunions.

Mais il ne s'est pas arrêté là. Décrivant ce que cela signifie d’‘être dans la rivière de Dieu jusqu'à la taille’, Yesaya Abdi a raconté l'histoire de quelqu'un que l’on dissuadait de donner tellement. En réponse, cette personne a dit : « Accorde-moi la possibilité de ressentir la douleur de donner ! ».

Émus par le don sacrificiel d’autres personnes, les Indonésiens ont apporté un ordinateur pour en faire don à l'Église mennonite tanzanienne dont les bureaux ont été récemment cambriolés – bien que PIPKA avait aussi besoin d'un nouvel ordinateur.

Yemiru Tilahun, directeur des missions pour la MKC, a exhorté le groupe à rester à l’écoute du Saint-Esprit plutôt que de la culture, des expériences passées, des horaires chargés, des voisins, des finances ou du contexte.

« La culture est souvent plus puissante que Jésus », a t-il dit. « C'est pourquoi beaucoup d'entre vous hésitent à manger de l’injera (pain plat éthiopien) ! Mais le Saint-Esprit nous pousse toujours à nous libérer de notre culture ».

Le lendemain, la consommation d’injera avait beaucoup augmenté !

Les réunions annuelles d’IMA comportaient des conférences sur le ‘Saint Esprit dans la Mission’ (HSIM), des excursions dans des stations missionnaires du pays d'accueil, et des conversations concernant les stratégies de partenariat et les meilleures pratiques missionnaires.

Les responsables locaux de la MKC avaient prévu une série de sept rallyes d'évangélisation dans le cadre de la Conférence. Le maire d’Awassa avait autorisé l'organisation des rassemblements dans le grand stade sportif, et lors de la dernière réunion, on a estimé que plus de 4 000 personnes étaient présentes. Cent quarante personnes sont venues à la foi en Jésus lors de ces rassemblements.

Henry Mulandi, directeur de l’African Christian Mission International (Mission chrétienne africaine internationale - ACMI) du Kenya, était l’orateur du rallye le premier soir. Il a remarqué que le mot éthiopien injera sonne comme ‘chemin’ en swahili kenyan. « Régalons-nous en chemin », a-t-il dit, reprenant Jn 14/6 : Jésus, le chemin, la vérité et la vie.

Lors du dernier rallye, des centaines de personnes ont dansé spontanément pour louer Dieu. La ferveur des louanges était telle qu’il a été presque impossible de mettre fin à la réunion ! Le Chœur B, un chœur d'Addis-Abeba au service de MKC depuis 1973, entraînait la louange.

« Ces rencontres ne sont pas un feu de paille », a déclaré Tilahun Beyene, coordinateur de l'IMA et ancien responsable de MKC. « Où que nous nous rencontrions, l’IMA dynamise l'Église pour la mission, et Awassa n’a pas fait exception. Les responsables locaux font déjà des projets pour de futurs rallyes publics. »

Outre les grands rassemblements, les réunions d’Awassa ont également contribué à stimuler la réflexion. Nelson Okanya, président de l’EMM, et originaire du Kenya, a appelé le groupe à réfléchir sur la relation entre la mission et les églises. « Quelle relation avez-vous, en tant qu'entité missionnaire, avec les paroisses ? Les églises d'Amérique du Nord tentent de redécouvrir leur esprit missionnaire. Une organisation missionnaire peut-elle les aider ? »

Relations entre l'Église et la mission

Les questions de Nelson Okanya ont conduit à une discussion animée sur les structures de la mission des groupes membres d’IMA. Pour certains, il n'y a presque pas de différence entre l'Église et la mission. Javier Soler, responsable de la mission Amor Viviente (Amour ardent - AV) au Honduras, a déclaré : « Dès le début, la mission a fait partie de l'’ADN’ d’Amor Viviente. Pour nous, la mission et l'Église sont la même chose. Nous n'avons pas d’organisations distinctes. Mais nous devons nous assurer que nous ne perdons pas notre ‘ADN’ missionnaire ».

D’autres églises ont développé des départements missionnaires. La MKC en est un exemple. « Notre ministère reçoit beaucoup de ses fonds de donateurs », a déclaré Yemiru Tilahun, le directeur. « Pour être franc, ce n'est pas parfait. L'administration ne se passe pas toujours sans heurts. L’établissement du budget et des activités doivent aller de pair avec les autres activités. Faut-il créer une organisation plus indépendante pour être plus efficace ? »

La MKC a récemment commencé à encourager les églises à faire don à la mission d’un birr (unité de monnaie éthiopienne) par membre et par mois, et les résultats sont encourageants.

Un troisième modèle majeur de certains membres de l’IMA est celui d'une organisation missionnaire dirigée par un conseil créé par l'église. Cela tend à créer une plus grande séparation entre ‘mission’ et ‘église’ que les deux autres modèles. L’EMM d’Amérique du Nord, la PIPKA d’Indonésie et l’ACMI du Kenya  entrent dans cette catégorie. Cette distinction entre organisations missionnaires et églises créée souvent des tensions entre les structures de la mission et les autres structures des églises.

Nelson Okanya dit : « En occident, les églises évangéliques considèrent que la mission vise essentiellement l’étranger. Nous avons mis en place des structures spécialisées dans ce but. Les assemblées locales ont peu à voir avec l’œuvre missionnaire, à part fournir des missionnaires et des finances, afin que les structures spécialisées puissent faire leur travail spécialisé. Mais maintenant, les assemblées locales se réapproprient la mission.»

Un modèle est-il meilleur qu’un autre ? Au cours du débat, les membres sont fréquemment revenus à la position historique de l'IMA. « Nous affirmons la diversité des structures des missions », a déclaré Richard Showalter, président émérite de l’IMA et président de la Commission Mission de la CMM. « La mission est une expression intégrale de toute église fidèle, tout comme l'église est une expression intégrale de toute mission fidèle. Mais Dieu est infiniment créatif dans le choix des structures des missions ».

David Shenk, intervenant pour l’IMA et consultant mondial pour l’EMM, a animé une série d’ateliers destinés aux jeunes missionnaires, sur le sujet du témoignage chrétien s’adressant à des croyants d'autres religions. « Je retourne chez moi avec une nouvelle compréhension de la manière d’aller vers mes voisins », a déclaré un responsable missionnaire du Kenya. « Mon ministère a été transformé, et ma vie a un nouveau but.»

C’était la première visite en Éthiopie et avec l'IMA de James Krabill, un des responsables de Mennonite Mission Network et de la Fraternité Missionnaire Mondiale de la CMM. Il s’est joint à Nelson Okanya pour animer un atelier, et a entraîné le groupe dans un culte enthousiaste à l’africaine.

ENCADRÉ : Le soutien Sud-Sud se développe

Pendant le rassemblement des membres de l’IMA, le coordinateur, Tilahun Beyene, a souligné le soutien régulier des membres de l’IMA tels que PIPKA Indonesia et Amor Viviente Honduras. Il a mentionné le don fait de PIPKA cette année de sept nouveaux ordinateurs portables de marque, à MKC en Éthiopie.

Quelques minutes plus tard, le président Abdi a précisé que les sept ordinateurs ne venaient pas de PIPKA en tant qu'organisation, mais que c'était un don de sa paroisse, l’église mennonite Anugerah de Jakarta.

Abdi a ajouté : « J'ai aussi mentionné à l'église le besoin que Dieu avait mis sur mon cœur d’un véhicule pour le travail de la mission de MKC. Aussi, avant de venir en Éthiopie, nous avons collecté des fonds pour lui acheter un minivan. Dieu l’a donné par l’intermédiaire de la paroisse et de son organisation missionnaire, PIPKA ! »

Ce fut un moment extraordinaire. Yemiru Tiluhun, directeur de la mission pour MKC, n'en croyait pas ses oreilles. Quelques semaines plus tôt, il avait écrit à un ami de l’IMA en occident pour lui faire part de son besoin désespéré d'un véhicule pour le travail de MKC. « Je m’occupe de 140 missionnaires de la part des églises », avait-il dit, « mais j’en suis réduit à être un piéton ! S'il vous plaît, priez avec moi. Nous avons besoin d'une voiture. »

Un groupe de six Indonésiens a accompagné Abdi aux réunions, et pris plaisir à la communion fraternelle internationale et à la découverte des églises éthiopiennes.

Témoin de cet échange sud-sud, Richard Showalter, président de la Commission Mission de la CMM et formateur pour l’IMA, a déclaré : « Depuis ses débuts, l’IMA a été formée pour être un groupe de pairs, unis dans la mission, du nord, du sud, de l’est et de l’ouest. C’est fantastique de voir cela se produire sous nos yeux. On aurait pu s'attendre à recevoir un don pour un véhicule d'Europe ou des États-Unis, mais c’est du Sud que Dieu nous l’a envoyé ! »

Tilahun Beyene a aussi remercié l’EMM pour son généreux soutien à l'IMA. « Même dans les moments difficiles des années 2008-2011, l’EMM n’a pas diminué son soutien. Chaque année, l’EMM budgète 15 000 USD. En outre, nous utilisons librement les services de l’EMM. Et elle me soutient également à quart-temps en tant que coordinateur » a t-il dit.

ENCADRÉ : Histoires missionnaires

Comme toujours lors de rassemblements d’IMA, des histoires et des témoignages dominaient les conversations formelles  et informelles. Le pasteur Tetty Sinulingga (Indonésie) a  raconté : « J'étais employé par le gouvernement, et j'aimais beaucoup mon travail. C'était un bon emploi. Mais après 15 ans, Dieu m'a dit de le quitter. Cela signifiait renoncer à mon avenir. Dieu m'a parlé à travers Nombres 20 : « Parle au rocher, et l'eau va en sortir ». Cela m'a donné le courage de démissionner de mon travail et de m’engager à plein temps pour l’œuvre de Dieu ». Depuis, Sinulingga, missionnaire avec PIPKA, a implanté de nombreuses églises à Sumatra.

L’évêque Henry Mulandi (Kenya) a parlé d’un missionnaire kenyan, Benson (‘Desert Boy’), qui a été formé dans une école de l’ACMI. « Après avoir quitté l'école, il a commencé à implanter des églises parmi les Turkana, une tribu nomade du désert. Maintenant, 550 assemblées locales se réunissent sous les arbres. Ma visite récente à Benson a été inoubliable : je n'ai jamais vu de telles assemblées, une telle joie ! » Henry Mulandi dit que ces jeunes églises turkana envoient maintenant leurs propres missionnaires vers les tribus voisines.

À la fin de la rencontre de l'IMA, Paul Kimani, un missionnaire de l’ACMI kenyan au Sud-Soudan, a raconté une histoire arrivée cette semaine à son équipe de l‘IMA. Alors qu’ils annonçaient l’évangile dans un village à environ 80 kilomètres d’Awassa, ils ont rencontré un homme qui les a suivis du centre-ville jusqu’à l'église. Il s’est assis à l'arrière, mais il s’est avancé lors de l'appel pour donner sa vie à Jésus.

L'homme a raconté son histoire à l'équipe de l’IMA : « Mon village est à six kilomètres d’ici. Je sors tout juste de la prison d’Awassa. J'étais en prison parce que j'ai tué deux personnes et deux chevaux. Je revenais pour me venger.

« J'allais tuer tous les membres de ma famille parce qu'ils ne m'ont pas rendu visite en prison. Mais maintenant, quelque chose a changé dans mon cœur. Je ne m’étais jamais agenouillé devant personne, c'est la première fois. Je vais retourner à la maison maintenant. Je vais dire à ma famille : ‘Vous pouvez me tuer, mais je suis une personne transformée’ ».

Communiqué de presse de International Missions Association, distribué par la CMM

Les participants et les invités internationaux aux réunions récentes de l’IMA à Awassa (Éthiopie), posent avec des foulards tissés à la main offerts par leurs hôtes éthiopiens. Photo : Javier Soler

 

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