Posté: 2 mai, 2023
Canada
Début janvier, j’ai emmené mes enfants patiner à notre patinoire intérieure locale. L’endroit était bondé et les gens étaient frustrés. Assez vite, nous avons été chassés de la patinoire pour laisser place à un match de hockey ayant lieu l’après-midi. La patinoire publique était ouverte seulement une heure [dans la journée] et ce n’était manifestement pas suffisant pour répondre aux besoins de la communauté. Ce n’est que lorsque nous sommes rentrés à la maison que nous avons réalisé que la patinoire était bondée parce que personne ne pouvait patiner à l’extérieur.
Dans notre partie du monde [Canada], il n’est pas rare qu’un parc soit recouvert d’une couche de glace, que des familles inondent une partie de leur cour, ou que les étangs gelés soient utilisés comme patinoires de hockey.
Cette année, nous n’avons rien eu de tout cela. Il n’a tout simplement pas fait assez froid. Maintenant, nous comptons sur la réfrigération.
Lorsqu’une rivière déborde alors que cela n’arrive qu’exceptionnellement, lorsqu’une forêt brûle plus violemment ou plus rapidement qu’elle ne le devrait, lorsqu’une tempête apporte davantage de vent et de pluie que d’habitude, lorsqu’une sécheresse ne semble pas se terminer, lorsque les étangs ne gèlent pas, nous nous demandons : « Est-ce le changement climatique ? » Et inévitablement, les météorologues hésitent et balbutient et essaient d’expliquer des concepts trop difficiles pour le temps dont ils disposent à l’antenne.
Les météorologues savent qu’une réponse définitive est attendue, même s’il n’est pas possible d’attribuer un événement météorologique particulier au changement climatique. Les gens veulent une réponse parce qu’ils veulent davantage de soutien pour leur politique. L’histoire du changement climatique en Amérique du Nord anglophone est une histoire de désaccord et de partisanerie.
Katharine Hayhoe, une climatologue canadienne vivant au Texas, explique souvent l’impact du changement climatique sur le temps en disant que c’est comme de jouer avec des dés truqués. Dans le jeu de société de la météorologie et de la vie, il nous arrivera plus souvent de tomber sur des mauvais numéros.
Le site en ligne Carbon Brief, basé au Royaume-Uni, propose une carte utile qui, dans le monde entier, lie les phénomènes météorologiques violents à des études formelles explorant la relation entre ces événements et le changement climatique. Zoomez sur l’Amérique du Nord et vous verrez des références connectant les inondations en Colombie-Britannique en 2021, les pluies torrentielles dues à la tempête tropicale Imelda en 2019, les incendies de forêt en Alberta en 2016, les très nombreux incendies de forêt en Californie au cours des dernières décennies, la diminution relativement récente du débit du fleuve Colorado, l’ouragan Katrina en 2005 et bien d’autres phénomènes météorologiques catastrophiques.
Lorsque vous rapprochez tout cela, il est clair que les dés ne roulent pas comme ils le faisaient autrefois. La météo d’Amérique du Nord montre davantage d’extrêmes. Nous perdons plus de traditions que le patinage à l’extérieur.
Il y a quelques années, j’ai interviewé plus d’une douzaine de responsables chrétiens pour découvrir quels obstacles empêchaient leur communauté de faire plus pour la sauvegarde de la création de Dieu. Quelques-uns ont déclaré que leur communauté ne voyait pas le lien entre prendre soin des êtres humains et prendre soin de leur environnement naturel. Quelques-uns ont dit qu’avec la baisse de la participation dans les églises, ils n’avaient ni l’énergie ni les ressources nécessaires pour entreprendre quoi que ce soit de nouveau. Ce qu’ils ont presque tous dit, cependant, c’est que la sauvegarde de la création était considéré comme une question politique controversée et un facteur de divisions.
Le changement climatique a un impact sur notre monde, mais de nombreux responsables hésitent à s’engager.
Une partie de la raison pour laquelle la protection de la création, y compris la réponse au changement climatique, est si controversée est que de nombreux Nord-Américains essaient toujours de se réconcilier avec leur histoire. Un article récent publié dans The Lancet Public Health postule que le l’hémisphère Nord est responsable de 92% des émissions excédentaires de CO2 dans le monde. Il est difficile pour nous de savoir comment répondre à une telle accusation, et donc nous la nions, nous la contestons et nous brouillons les pistes.
Pourtant, c’est là, devant l’injustice et la complaisance, que notre théologie et nos pratiques anabaptistes nous incitent à nous engager.
Les anabaptistes et d’autres chrétiens sont convaincus que l’histoire de la création implique que le rôle des créatures humaines est de prendre soin et de sauvegarder la création de Dieu. Notre théologie anabaptiste nous pousse à l’action face aux souffrances causées par la richesse et la consommation galopante de notre nation. Nous prions aussi pour que l’action de l’Esprit de Dieu mette en évidence les ruses de division du Malin et appelle nos communautés à la repentance, à se détourner de la cupidité destructrice pour se tourner vers une forme de shalom orientée vers la sauvegarde de la création.
—Anthony Siegrist est un ancien pasteur mennonite qui travaille maintenant pour A Rocha Canada, et fait partie d’un groupe mondial d’organisations environnementales chrétiennes.
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