Posté: 3 septembre, 2012
Goma, République démocratique du Congo –Rukimba Furaha a du quitter précipitamment sa maison (et ses champs) dans le village de Kabuya au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC) parce que la sécurité de ses huit enfants était menacée.
Son mari était parti quelques jours plus tôt pour éviter d'être enrôlé de force dans l'armée rebelle. En raison de la précipitation de leur fuite, ils n’ont rien pu emporter, ni nourriture ni possessions.
Ils ont du fuir à cause du conflit armé ; une fois de plus, les déplacements de population causent d’immenses souffrances dans les provinces de l’est de la RDC.
Depuis le mois d’avril de cette année, plus de 200 000 personnes de cette région ont fui leurs villages et leurs champs, ce qui porte le nombre total de personnes déplacées à l'intérieur de la RDC à plus de 2 millions.
De 30 000 à 40 000 personnes déplacées sont devenues des réfugiés dans les pays voisins, le Rwanda et l'Ouganda, mais la grande majorité (dont la famille Furaha) a rejoint les autres dans les camps surpeuplés du Nord ou du Sud-Kivu, ou chez des familles d'accueil à proximité. Beaucoup hésitent à s’éloigner de leurs villages d'origine car le temps de la moisson est proche et ils craignent de perdre leurs cultures.
La fille aînée de Furaha, Mbatse Dorika, a seulement 10 ans. Elles et ses frères et sœurs ont fait plus de 50 kilomètres à pied, de Kabuya à Kibati, près de la capitale provinciale de Goma, où la famille a trouvé refuge dans une école primaire locale.
Il n'y a pas d'eau dans l’école, la capacité des installations sanitaires est largement dépassée, et mi-juillet, aucune aide d'urgence n’était encore arrivée. Dans chaque petite salle de classe, dorment sept ou huit familles ; seuls quelques pupitres réarrangés leur donnent un peu d’intimité.
Le 15 juillet, des collaborateurs du Mennonite Central Committee (MCC) et du personnel des services d'urgence de l'Église du Christ du Congo (ECC), partenaire du MCC de puis plus de 15 ans, se sont rendus à Kibati. Outre la famille Furaha, plusieurs centaines d'autres (dont beaucoup de jeunes enfants) sont arrivés la semaine précédente, après avoir marché trois jours. Leur village est situé au cœur du conflit actuel.
« J'ai été bouleversée par le manque de ressources comme nourriture et eau pour répondre aux besoins humains les plus fondamentaux », a rapporté Ruth Keidel Clemens, directrice du programme MCC États-Unis, après sa visite. « Beaucoup d'enfants semblent avoir des problèmes de santé, et il n’y a rien pour les soigner. Nous avons vu des familles traumatisées et épuisées. Ce sont quelques-uns des signes visibles d'une guerre oubliée qui continue à déraciner et à tuer des milliers de personnes dans l'est du Congo. »
L'équipe d'évaluation d'urgence de l’ECC a compté plus de 5 500 foyers à Kibati et dans trois autres endroits dans la zone de conflit, ayant besoin d'une aide d'urgence : abris, nourriture, eau, sanitaires et articles ménagers. Leur rapport servira de base à l’intervention du MCC.
Dans d'autres camps accueillant des personnes déplacées par la violence, le MCC a fourni des bâches pour 400 familles et payé les frais de scolarité de 300 enfants (au début de cette année). Le MCC travaille sur un vaste projet d’aide alimentaire d’urgence au Sud et au Nord-Kivu, destiné à 1 000 familles.
Le Bureau de Washington du MCC États-Unis a également mis en place une action pour alerter le public, demandant d’envoyer des courriels ou de téléphoner au président Barak Obama, pour l'exhorter à prendre des mesures pour s’attaquer aux causes profondes de la violence qui sévit dans l'Est du Congo. Rendez-vous sur le site MCC Action Alert pour davantage d’informations.
Depuis 1994, lorsque plusieurs millions de Rwandais ont fui leur pays à la suite du génocide au Rwanda, l'Est du Congo souffre de conflits récurrents impliquant les armées de la RDC et des pays voisins, et de nombreux groupes rebelles locaux et régionaux. Les combats les plus récents ont commencé en avril 2012, quand un groupe d'officiers de l'armée congolaise s’est mutiné et s’est rallié à une armée rebelle, du nom de M23, qui depuis, a attaqué l'armée congolaise ainsi que des villages.
Les causes des conflits dans l'Est du Congo sont complexes : elles sont locales, régionales et nationales, en lien avec la terre, les minéraux, l'ethnicité et la politique. Les réfugiés et les personnes déplacées sont les victimes des affrontements les plus vulnérables, bien que toute la population de la région souffre profondément de l'insécurité et de traumatismes dus aux guerres continuelles.
Furaha craint que ses champs, dont les produits étaient prêts à être récoltés quand elle a fui, aient été ravagés par les soldats rebelles, que son bétail ait été emmené et sa maison pillée.
Distribution internationale d'un communiqué du Mennonite Central Committee.
Suzanne et Tim Lind sont représentants du MCC en République Démocratique du Congo. Ils sont originaires de Three Rivers, Michigan.
Comments: