Posté: 3 août, 2022
Viêt Nam
Histoire
Il existe deux formes d’anabaptisme au Viêt Nam :
La Hội Thánh Mennonite Việt Nam (Église Mennonite du Viêt Nam - VMC) a été fondée en 1964 par la Mission mennonite au Viêt Nam, un ministère de l’Eastern Mennonite Missions (1957). Après une période d’inactivité suite au changement de gouvernement en 1975, elle a repris son travail dans les années 1980 et a été officiellement reconnue par le gouvernement actuel en 2007.
L’Église Évangélique Mennonite du Viêt Nam (non enregistrée) a vu le jour en 1998 et s’est constituée officiellement en 2004. Elle rassemble divers groupes indigènes et est soutenue par les mennonites vietnamiens du Canada.
Jésus au centre
Au Viêt Nam, être anabaptiste-mennonite c’est simplement vivre l’évangile tel qu’on le reçoit. ‘Jésus est au centre de notre foi, la communauté est au centre de notre vie et la réconciliation est au centre de notre mission’. Cette approche, enseignée par le pasteur et professeur nord-américain Palmer Becker, est appréciée par les Vietnamiens.
Les pasteurs et les responsables mennonites apportent ce message dans leur prédication. Il est facile à comprendre et attrayant. À l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église, il trouve une résonance dans les cœurs.
Le message de paix et d’amour des enseignements non violents anabaptistes fait aussi partie de la prédication transformatrice qui touche les mennonites vietnamiens et influent sur la manière dont ils se comportent les uns avec les autres. « Cela affecte tous les domaines de la vie », disent les pasteurs mennonites. « Suivre Jésus sur le chemin de la paix apporte la réconciliation à tous. »
Pour les non-croyants, il est bienfaisant de parler du péché et d’apprendre comment Jésus en délivre. Les membres de l’église évangélique traditionnelle considèrent que cette approche est libératrice.
Ce message intéresse aussi les groupes d’églises de maisons indigènes qui ne font partie d’aucun réseau d’églises. Après avoir entendu cette conception de la foi, certains demandent à rejoindre la communauté mennonite.
« Pour démontrer ce que nous croyons, nous le vivons au quotidien », disent les pasteurs mennonites Vietnamiens. « La foi chrétienne est une foi vécue, pas seulement un système de croyances. »
Une foi vécue
Dans la partie nord du Viêt Nam, certaines églises mennonites sont très actives dans l’évangélisation, et témoignent de leur foi en la puissance du Saint-Esprit. Tous les jours, les femmes évangélisent en faisant leurs courses au marché. Certaines sont des vendeuses qui partagent l’évangile avec leurs clients. Des guérisons se produisent. Lorsque quelqu’un se tourne vers Jésus par l’intermédiaire d’un membre de l’assemblée, on le présente au pasteur pour qu’il étudie la Bible avec lui.
Dans le centre et le sud du pays, il y a neuf équipes missionnaires organisées composées de membres des paroisses mennonites qui partent chaque mois en mission.
Il y a une équipe à la frontière du Cambodge, et une dans la partie la plus à l’ouest (Kien Giang).
À Da-nang, le pasteur Hoang Bich dirige une équipe qui évangélise le groupe ethnique Ka-tu, et qui travaille aussi avec un groupe d’étudiants.
Une équipe est très active à Quang Ngai (Région Centre).
En outre, il y a des équipes dans les régions Est et de Daklak, deux équipes à Soc Trang et une autre à Ca Mau.
Les équipes font du porte-à-porte. Elles s’adressent aux personnes qu’elles connaissent, aux membres de leur famille et aux habitants des provinces désignées. Une fois qu’un groupe se montre intéressé, elles commencent une étude biblique pour le préparer au baptême.
Le pasteur Quyen dirige une équipe dans la province la plus au sud (Ca Mau). Il a consacré sa vie à servir Jésus après que sa fille soit tombée malade et ait été déclarée morte par le médecin. Mais elle est revenue à la vie pendant que sa femme continuait à prier.
Il est très actif et a réuni un groupe pour étudier la Bible. Ce groupe est très discipliné, presque comme dans un monastère médiéval.
En ces temps de COVID-19, le pasteur Quyen prêche tous les deux jours sur Internet (via Zoom). Sa paroisse virtuelle est si grande - près de 1 000 personnes qui écoutent en même temps - qu’elle va au-delà des limites de la plate-forme.
Ceux qui rencontrent le Christ à travers le ministère du pasteur Quyen sont témoins de manifestations du Saint-Esprit et de miracles. Certaines personnes choisissent de déménager pour se rapprocher de son église. Il contacte également d’autres églises locales pour rencontrer personnellement ceux qui se sont connectés via son ministère sur Zoom.
Dans les régions de Quang Ngai, Soc Trang, Thu Duc et Binh Thanh, des membres aident les plus démunis.
Bien que les paroisses ne soient pas très grandes, elles ont un impact important.
Au-delà des limites
Les assemblées mennonites se développent tout aussi bien à la campagne qu’en ville. Les principaux groupes ethniques minoritaires auxquels la MVC s’adresse sont les S’tiengs, les Kors, les Bahnars, les H’mongs, les Ka-tus, les Edes, les Des, les Khmers et les Chams. Aujourd’hui, environ 50 % des membres appartiennent à au moins 10 groupes ethniques minoritaires différents. L’autre moitié est vietnamienne.
Les paroissiens des villes s’adressent aux membres d’ethnies rurales qui se déplacent vers la ville pour le travail, l’éducation et pour avoir davantage d’opportunités.
Les membres de la paroisse suivent les directives du Saint-Esprit. « Nous sommes libres et ouverts à recevoir tous les dons de l’Esprit, selon les enseignements bibliques », disent les pasteurs vietnamiens ; ce que ne font pas les églises évangéliques traditionnelles qui ont tendance à décourager ou à ne pas reconnaître certains dons de l’Esprit.
Bien que cela ne soit pas formalisé, les assemblées mennonites vietnamiennes suivent également Jésus au-delà des limites [traditionnelles] en reconnaissant aux femmes le rôle de pasteurs et de responsables.
Difficultés et opportunités
Comme beaucoup d’églises qui grandissent rapidement, leur force présente aussi une faiblesse : elles ont donc besoin de former rapidement des responsables. Le COVID-19 affecte les ressources financières des paroisses car le ralentissement de l’économie touche les revenus des membres.
De nombreuses personnes – même dans les zones rurales – ont pu se faire vacciner. « Cela nous donne de l’espoir », disent les pasteurs.
La VMC n’a pas de bureau ni de centre de formation. Lorsque les restrictions dues au COVID-19 seront levées, le besoin d’un centre se fera plus pressant. L’évangélisation fidèle de la population pauvre contribue à la croissance des paroisses, mais leur capacité financière reste faible.
Avec le soutien des mennonites vietnamiens des États-Unis, les assemblées ont pu apporter à leurs voisins une aide médicale et sociale et de la nourriture pendant le pire moment de la pandémie. « Cela montre l’amour des anabaptistes pour le peuple du Viêt Nam », disent les pasteurs mennonites.
Bien que le COVID-19 ait restreint le champ du possible, il a aussi contribué à créer de nouvelles occasions d’étude, de formation et de fraternité en ligne. Des études bibliques et d’autres formations ont lieu via Zoom, ce qui rassemble des personnes très éloignées les unes des autres - y compris de l’Est et de l’Ouest – et ceci avec un investissement minime en temps et en argent.
C’est aussi une opportunité pour les jeunes. « Nous encourageons des jeunes d’autres pays intéressés par la mission à s’adresser aux responsables des jeunes du Viêt Nam », déclarent les pasteurs mennonites. « Est-ce que les jeunes de la communauté de la Conférence Mennonite Mondiale pourraient être régulièrement en contact avec des jeunes du Viêt Nam ?
Les jeunes du Viêt Nam, dont beaucoup savent l’anglais, sont prêts à tirer le meilleur parti d’internet, pour développer des relations, apprendre et aider les autres. « Cela peut transformer la mission. C’est une opportunité pour les jeunes du monde entier », déclarent les pasteurs mennonites.
La famille mondiale
La VMC se souvient avec émotion de la visite de la délégation fraternelle de la CMM (venue des cinq continents) en 2008 à l’occasion de leur reconnaissance légale par les autorités gouvernementales du Viêt Nam. Cela a été très important car la délégation de la CMM a passé trois jours avec des responsables et a visité des assemblées locales, où elle a pratiqué, entre autres, le lavement des pieds.
La VMC a été heureuse de devenir une Église membre de la CMM en 2009 au Paraguay. « Nous apprécions les occasions de communion avec les croyants du monde entier lors des réunions du Conseil Général et de l’Assemblée. Puissent ces relations grandir et s’approfondir », disent les pasteurs mennonites.
Ils désirent être en contact avec d’autres mennonites proches en Asie, et développer davantage de liens avec Eastern Mennonite Mission aux États-Unis.
Les jeunes ont participé au Programme International d’Échange de Volontaires (IVEP) du Comité Central Mennonite (MCC), qui s’est fait connaître au Viêt Nam en 1954. « Plusieurs de nos jeunes ont bien bénéficié de ce programme », disent-ils.
Une Église qui grandit
L’Église Mennonite du Viêt Nam est un témoignage de l’action de Dieu. « La VMC est consciente de la bénédiction de Dieu en ce moment », disent les pasteurs. Le COVID-19 n’empêche pas ce message simple d’être transmis : nous sommes tous pécheurs et nous avons besoin de Jésus. Avec Jésus, on jouit d’une nouvelle liberté, paix et protection.
Pendant cette pandémie, de nombreuses personnes souffrent de problèmes émotionnels en raison de l’incertitude constante. Debout sur le roc qu’est Jésus Christ, les mennonites vietnamiens trouvent le réconfort et l’assurance qu’ils apportent aux autres. « Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter ; Dieu prend soin de vous ! »
-Les pasteurs vietnamiens suivants ont contribué à cet article : Huynh Dinh Nghia, président, VMC ; Huynh Minh Dang, secrétaire général, VMC ; et Tuyen Nguyen, évêque, LMC (communauté d’églises anabaptistes des États-Unis) a répondu aux questions de Gerry H. Keener, qui travaille avec l’EMM.
Pour en savoir davantage : Vous trouverez une histoire plus détaillée des mennonites du Viêt Nam au chapitre 9 de ‘Churches Engage Asian Traditions’ dans la série d’Histoire Mennonite Mondiale : l’Asie; © 2011, Good Books.
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