Posté: 29 juin, 2017
Bogota, Colombie – Lorsque quelqu’un prononce ou écrit mal votre nom, est-ce que vous avez l’impression qu’il ne s’adresse pas vraiment à vous ? Nous choisissons les prénoms avec soin - parfois pour honorer quelqu’un ou pour une caractéristique que l’on espère voir chez la personne nommée ; le prénom fait partie de la perception de notre identité.
Changer de nom n’est pas une démarche faite à la légère : il y a des étapes légales et nos amis et nos connaissances doivent apprendre à utiliser notre nouveau nom. Mais surtout, le changement de nom change votre l’identité : ou quelque chose de significatif a changé ou bien le nouveau nom est une meilleure description de ce que vous aviez toujours été.
Durant les trente dernières années, les responsables de la Conférence Mennonite Mondiale (CMM) ont parlé de la possibilité de changer de nom. En 2016, le comité exécutif a chargé la Commission Foi et Vie de mener la tâche d’élaborer une recommandation pour le Conseil General en 2018 afin de prendre une décision en 2021. Les représentants régionaux animeront la conversation et synthétiseront les différents retours.
Une demande formelle de la part des responsables de l’église des Frères en Christ des Etats-Unis qui se sentent exclus est ce qui a motivé la remise en question actuelle. Ils ont observé que lorsque l’assemblée de la CMM eut lieu en Pennsylvanie, aux Etats-Unis, la presse fit référence à l’évènement presqu’uniquement en utilisant le mot « mennonite » malgré le fait qu’un grand nombre d’églises des Frères en Christ soient représentées.
L’identité d’une organisation peut changer avec le temps. Au début, la CMM fut une série de conférences organisées par les responsables d’églises européens en 1925, 1930 et 1936 pour aborder des problèmes spécifiques, en particulier la crise des réfugiés mennonites en Russie. À partir de 1948, une structure officielle se forme sous le nom de la Conférence Mennonite Mondiale. En 2003, le nom officiel devient : « Conférence Mennonite Mondiale : Une Communauté d’Églises Anabaptistes. »
Faire en sorte qu’une organisation soit reconnue au travers le monde nécessite du temps et de l'énergie. La CMM (MWC en anglais) est largement connue par son acronyme ; un changement de nom devrait donc tenir compte des conséquences linguistiques dans ses trois langues officielles (anglais, espagnol, français).
Les modifications possibles du nom de la CMM vont principalement dans deux directions : remplacer « mennonite » par « anabaptiste » et remplacer « conférence » par « communion », « communauté » ou « alliance ».
« Mennonite »
Historiquement et dans le contexte de l'Église mondiale, le mot « anabaptiste » comprend un large éventail de groupes qui sont engagés envers le baptême des croyants, avec une vision de l'église entant que communauté visible et avec un désir sincère de suivre les enseignements de Jésus dans la vie quotidienne. Théologiquement, « anabaptiste » est souvent utilisé pour désigner un idéal ou un standard, une tradition de croyance séparée des liens culturels attachés parfois au terme « mennonite ».
Des 105 églises nationales membres de la CMM, 76 utilisent le terme Mennonite, 13 sont Frères en Christ, et 11 utilisent le terme anabaptiste dans son nom, souvent en plus du terme mennonite. Plutôt que d’utiliser un dérivé de mennonite dans son nom, quelques églises nationales prennent
pour nom un concept (Meserete Kristos [Christ comme fondement] en Ethiopie) ou une association (Gereja Kristen Muria [églises chrétiennes Muria] en Indonésie).
Le « Global Anabaptist Profile research project » a découvert que les églises Nord-Américaines préféraient le mot « anabaptiste » pour se décrire (58%), contre 41 pour cent en Europe, 38 pour cent en Afrique, 23 pour cent en Asie et 21 pour cent en Amérique Latine. Pour « mennonite » les chiffres sont les suivant : 62 pour cent en Europe, 60 pour cent en Asie, 55 pour cent en Afrique, 33 pour cent en Amérique Latine et 31 pour cent en Amérique du Nord. (remarque, les groupes pouvaient choisir plusieurs termes).
Un inconvénient du mot « anabaptiste » est qu'il est à la fois trop large et trop limitant : ce terme descriptif est approprié par un groupe beaucoup plus large que seulement ceux qui s’associent avec la CMM ; Mais il se concentre également sur le baptême des croyants entant que marqueur de l'identité mennonite à l'exclusion d'autres approches théologiques importantes comme le discipulat et la mission de réconciliation.
« Conférence »
Pratiquement 100 ans après sa première réunion, la CMM est mieux connue pour son assemblée tous les six ans. Aujourd’hui, cependant, l’organisation fonctionne toute l’année pour solidifier les relations et le soutient entre les différents membres de la famille anabaptiste.
En 2012, le Conseil Général a ratifié un document de la Commission Foi et Vie qui fournit une réflexion théologique approfondie sur le concept grec de koinonia en tant que terme descriptif de la CMM. Il souligne la centralité de « l'identité partagée et de la vie partagée en tant que “corps du Christ” », écrit Thomas Yoder Neufeld. Koinonia est « à la fois la réalité qui sous-tend notre vie ensemble, et ... un but vers lequel nous allons ... à la fois une réalité et une vision ».
Le mot qui exprime le plus clairement ce concept est « la communion », utilisée dans la constitution de la CMM et dans d'autres documents. La « communion » suggère un corps engagé dans des relations d'amour sacrificiel, de co-responsabilité et d'entraide dans le but de la fraternité, de la glorification de Dieu, du service et de la mission.
Alternativement, la « communauté » ou la « fraternité » suggèrent un rassemblement d'intérêts, d'objectifs et d'activités partagées, tandis qu’ « alliance » ou « fédération » suggèrent un organe législatif composé de groupes indépendants qui se réunissent pour atteindre des objectifs communs.
Une dernière option consiste simplement à conserver le nom. La Conférence Mennonite Mondiale reste un symbole fort, et bien qu'il ne transmette pas pleinement tous les aspects de l'identité de la famille, d'autres noms seraient également des descriptions partielles.
Quel que soit le résultat de la conversation, la CMM continuera à servir la famille des communautés d'églises anabaptistes dans le monde entier par la prière, le soutien et la soumission mutuelle en suivant l'exemple du Christ de vivre et de partager la bonne nouvelle au monde.
—Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale
Quels commentaires, affirmations ou inquiétudes aimeriez-vous partager avec la CMM ? Envoyez un courriel à : info@mwc-cmm.org.
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